L’athérosclérose
L’athérosclérose, souvent confondue avec l’artériosclérose, est un processus inflammatoire chronique caractérisé par l’accumulation de plaques d’athérome dans les parois des artères. Cette définition met en lumière un phénomène progressif qui peut débuter dès l’enfance et évoluer silencieusement pendant des décennies.
Ce processus inflammatoire, impliquant des dysfonctionnements endothéliaux et une infiltration lipidique, est un facteur clé de développement des maladies cardiovasculaires majeures, telles que l’infarctus du myocarde et l’accident vasculaire cérébral (AVC), première cause de mortalité dans de nombreux pays développés. Sa prévalence augmente significativement avec l’âge, touchant environ 50% des personnes de plus de 50 ans et jusqu’à 80% des personnes de plus de 65 ans.
Un marqueur biologique particulièrement révélateur du risque d’athérosclérose est la lipoprotéine(a), une particule similaire au LDL-cholestérol mais dont la concentration sanguine élevée constitue un facteur de risque indépendant pour le développement de la maladie. Concrètement les valeurs des taux sanguins de lipoprotéine (a) sont les suivants :
- Souhaitable : < 0,14 g/L
- Risque limite : 0,14 à 0,3 g/L
- Risque élevé : 0,31 à 0,5 g/L
- Risque très élevé : > 0,5 g/L
La sensibilisation à cette pathologie est cruciale car, bien que les symptômes de l’athérosclérose puissent rester muets pendant longtemps, ses conséquences peuvent être dramatiques lorsqu’elle se manifeste cliniquement.
Mécanismes de l’athérosclérose
Qu’est-ce que c’est ?
Sa définition la plus précise implique la formation de plaques d’athérome composées principalement de lipides (graisses), de cholestérol, de cellules inflammatoires, de tissus fibreux et de dépôts calcaires dans la paroi des artères. Ces plaques entraînent progressivement un durcissement et un rétrécissement des artères, compromettant ainsi la circulation sanguine vers les organes concernés.
La différence avec artériosclérose mérite d’être clarifiée : l’artériosclérose désigne un durcissement général des artères lié à l’âge, tandis que l’athérosclérose est une forme spécifique d’artériosclérose caractérisée par la formation de plaques d’athérome.
Les étapes de développement
Le processus athéromateux débute dès l’enfance avec l’apparition de stries lipidiques, fines accumulations de graisses dans l’intima des artères. Ces lésions précoces, réversibles à ce stade, peuvent aussi évoluer vers des plaques d’athéromes entre 20 et 40 ans, particulièrement chez les personnes présentant des facteurs de risque. Au fil du temps, ces plaques grossissent et peuvent évoluer vers des complications graves comme la thrombose ou l’occlusion artérielle complète (obstruction totale d’une artère).
L’évolution de la plaque peut suivre deux trajectoires principales : soit une stabilisation (fibrose et calcification), rendant la plaque moins susceptible de se rompre, soit une fragilisation pouvant mener à sa rupture. Une plaque d’athérome calcifié est généralement plus stable, mais son traitement peut être plus complexe.
L’inflammation joue un rôle central dans toutes ces étapes. Les cellules immunitaires, notamment les monocytes qui se transforment en macrophages dans la paroi artérielle, sont recrutées dès les premiers stades. Ces macrophages ingèrent les particules de cholestérol oxydé et se transforment en cellules spumeuses, constituant le cœur lipidique de la plaque d’athérome.
Facteurs de risque
Les causes de l’athérosclérose sont multifactorielles et peuvent être classées en deux catégories principales.
Facteurs non modifiables
- Âge : le risque augmente considérablement avec les années
- Sexe : les hommes sont plus touchés que les femmes avant la ménopause
- Antécédents familiaux : un parent au premier degré ayant présenté une maladie cardiovasculaire précoce constitue un facteur de risque important
- Génétique : certains polymorphismes génétiques prédisposent à l’athérosclérose
Facteurs modifiables
- Tabagisme : premier facteur de risque modifiable, il accélère le processus athérosclérotique et potentialise les autres facteurs de risque
- Hypercholestérolémie : l’élévation du LDL-cholestérol est impliquée dans la formation des plaques. Ces particules lipidiques sont très sensibles à l’oxydation. En réalité, ce sont les particules de LDL-cholestérol qui sont oxydées qui constituent le vrai facteur de risque d’athérosclérose.
- Hypertension artérielle : elle favorise l’infiltration lipidique et endommage l’endothélium vasculaire
- Dyslipidémie : un profil lipidique défavorable (LDL élevé, HDL bas, triglycérides élevés) augmente le risque
- Diabète : l’hyperglycémie chronique accélère tous les mécanismes de l’athérosclérose
- Sédentarité : l’absence d’activité physique régulière majore le risque cardiovasculaire
- L’inflammation de bas grade : elle favorise par différents mécanismes (mécaniques, chimiques) la formation de plaques d’athérome. Le contexte génétique personnel est déterminant pour ce risque.
- Obésité abdominale : elle s’accompagne souvent d’un état inflammatoire chronique favorable à l’athérosclérose (voir ci-dessus).
Le stress chronique et les troubles psychosociaux comme la dépression sont désormais reconnus comme des facteurs de risque indépendants, agissant notamment via des mécanismes inflammatoires et neuroendocriniens.
Plusieurs marqueurs biochimiques sont impliqués dans le processus athérosclérotique et peuvent avoir une valeur pronostique : la protéine C-réactive ultrasensible (CRPus), les Interleukines pro-inflammatoires, le fibrinogène, ou encore les métalloprotéinases matricielles impliquées dans la déstabilisation des plaques.
Manifestations cliniques
Les symptômes de l’athérosclérose varient considérablement selon les territoires artériels touchés.
Atteinte coronarienne
L’athérome coronaire ou athérosclérose coronarienne peut se manifester par :
- L’angine de poitrine (douleur thoracique à l’effort)
- L’infarctus du myocarde, complication aiguë résultant de la rupture d’une plaque instable
Elle est diagnostiquée par différentes techniques d’imagerie comme la coronarographie, le scanner coronaire ou l’IRM cardiaque.

Atteinte cérébrale
L’athérosclérose des artères cérébrales peut entraîner :
- Des accidents vasculaires cérébraux (AVC) ischémiques
- Des accidents ischémiques transitoires (AIT), signes avant-coureurs d’un AVC potentiel
Le diagnostic au niveau cérébral repose sur l’imagerie par résonance magnétique (IRM), l’angioscanner ou l’écho doppler des troncs supra aortiques.
Atteinte périphérique
L’artériopathie des membres inférieurs est une manifestation fréquente de l’athérosclérose du pied, se traduisant par :
- La claudication intermittente (douleur à la marche disparaissant au repos)
- Des troubles trophiques pouvant aller jusqu’à l’ischémie critique (manque d’oxygénation)
Le diagnostic d’athérosclérose périphérique s’appuie sur la mesure de l’index de pression systolique (IPS) et l’Écho doppler artériel.
Prévention par l’alimentation
L’alimentation joue un rôle fondamental dans la prévention de l’inflammation de bas grade et de l’athérosclérose, et constitue un élément clé du traitement naturel de l’athérosclérose. Il s’agit de changer durablement ses habitudes alimentaires, de façon à réduire progressivement et sûrement le risque d’accidents cardiovasculaires aigus.
Régime méditerranéen
Le régime méditerranéen a démontré ses bénéfices dans la réduction du risque cardiovasculaire. Riche en fruits, légumes, poissons, huile d’olive et pauvre en viandes rouges, il diminue significativement l’incidence des complications de l’athérosclérose.
Aliments protecteurs
Certains nutriments spécifiques ont des effets particulièrement bénéfiques :
- Les acides gras oméga-3 (poissons gras, huiles végétales) réduisent l’inflammation et améliorent le profil lipidique
- Les antioxydants (fruits et légumes colorés) limitent le stress oxydatif impliqué dans l’athérogenèse
- Les fibres alimentaires (légumes, fruits, légumineuses, céréales complètes) diminuent l’absorption intestinale du cholestérol
Aliments à limiter
Pour prévenir l’évolution des plaques d’athérome et leurs conséquences, il est recommandé de limiter :
- Les graisses saturées (charcuteries, fromages gras, pâtisseries industrielles)
- Les sucres raffinés et les aliments à index glycémique élevé
- Le sel, facteur aggravant de l’hypertension artérielle
- Les aliments ultra transformés riches en additifs pro-inflammatoires
Autres mesures préventives
Activité physique
Une activité physique régulière et adaptée (au moins 150 minutes par semaine d’intensité modérée) constitue un pilier de la prévention. Elle améliore le profil lipidique, la sensibilité à l’insuline, la fonction endothéliale et aide à contrôler le poids.
Gestion du stress
Les techniques de relaxation, la méditation, le yoga ou toute autre activité réduisant le stress chronique contribuent à diminuer le risque cardiovasculaire en limitant l’activation neuroendocrinienne et l’inflammation systémique.
Importance du sommeil
Un sommeil de qualité, en quantité suffisante (7-8 heures), est désormais reconnu comme un facteur protecteur contre l’athérosclérose. Les troubles du sommeil sont associés à une augmentation du risque cardiovasculaire par divers mécanismes (dérégulation métabolique, inflammation, hypertension).
Traitements actuels
Le traitement de l’athérosclérose repose sur une approche globale visant à stabiliser les plaques existantes et prévenir la formation de nouvelles lésions.
Approche pharmacologique
- Statines : (réduction des LDL, efficacité limitée sur la Lp(a)) ces hypolipémiants réduisent la synthèse hépatique du cholestérol et possèdent des effets anti-inflammatoires bénéfiques sur les plaques
- Antiagrégants plaquettaires (aspirine à faible dose, clopidogrel) : ils limitent le risque de thrombose sur plaque rompue
- Antihypertenseurs : ils contrôlent un facteur de risque majeur et protègent l’endothélium vasculaire
- Hypoglycémiants : certaines classes (notamment les GLP-1 agonistes) montrent des bénéfices cardiovasculaires au-delà du simple contrôle glycémique
- Inhibiteurs de PCSK9 : baisse significative des LDL et potentiellement de la Lp(a).
- Acide bempédoïque et eicosapentaénoïque (EPA) : modulateurs du métabolisme lipidique.
- Thérapies émergentes : antisens ARN ciblant la synthèse hépatique de Lp(a).
Le traitement de la plaque d’athérome calcifié peut nécessiter des approches spécifiques, notamment lors des interventions endovasculaires.
Interventions chirurgicales
Dans les cas d’athérosclérose avancée avec sténoses significatives ou complications :
- L’angioplastie avec pose de stent permet de restaurer la lumière artérielle
- Le pontage artériel contourne les segments sténosés pour rétablir la perfusion des tissus
- L’endartériectomie consiste à retirer chirurgicalement les plaques d’athérome, notamment au niveau carotidien
Nouvelles perspectives thérapeutiques
La recherche sur le traitement des athéromes progresse constamment :
- Thérapies ciblant l’inflammation (anticorps monoclonaux anti interleukines)
- Inhibiteurs de PCSK9 réduisant drastiquement le LDL-cholestérol
- Thérapies antisens ciblant la lipoprotéine(a)
- Approches régénératives visant à restaurer l’intégrité endothéliale
Conclusion
L’athérosclérose représente un défi majeur de santé publique nécessitant une approche multidirectionnelle intégrant prévention, dépistage précoce et traitement adapté. La compréhension des mécanismes de cette maladie et de la différence entre artériosclérose et athérosclérose permet d’agir de manière ciblée.
Les points clés à retenir sont :
- L’athérosclérose débute précocement et évolue silencieusement pendant des années
- Ses conséquences peuvent être graves voire fatales (infarctus, AVC)
- De nombreux facteurs de risque sont modifiables par des changements de mode de vie
- Une alimentation équilibrée, l’activité physique et l’arrêt du tabac constituent le socle de la prévention
- Des traitements efficaces existent pour stabiliser la maladie et prévenir ses complications
Le message positif à retenir est qu’adopter une hygiène de vie saine change la donne, et réduit considérablement les risques d’athérosclérose et de ses complications. Même en cas d’héritage familial à haut risque. Les études montrent qu’il n’est jamais trop tard pour bénéficier des effets d’une modification des habitudes de vie, même si les plaques sont déjà formées.
Il est essentiel de consulter régulièrement un professionnel de santé pour un suivi personnalisé, en particulier nutritionnel, surtout en présence de facteurs de risque. Le patient joue un rôle central dans la gestion de sa propre santé, en participant activement aux décisions thérapeutiques et en adhérant aux recommandations alimentaires et médicales.
De nombreuses ressources complémentaires sont disponibles auprès des associations de patients et des sociétés savantes spécialisées en cardiologie et médecine vasculaire, offrant soutien, information et accompagnement dans la lutte contre cette maladie silencieuse mais redoutable qu’est l’athérosclérose.
Ressources supplémentaires :
Article du ministère du travail : Lien
Position du CEA : Lien
Pour les femmes : Lien