Approche générale
Ces dernières années, les troubles thyroïdiens touchent un nombre croissant de personnes, avec une prévalence particulièrement élevée chez les femmes. Parmi ces troubles, la maladie de Hashimoto (ou thyroïdite de Hashimoto) représente l’une des pathologies auto-immunes les plus fréquentes, affectant jusqu’à 5% de la population dans certaines régions.
La thyroïde, cette petite glande en forme de papillon située à la base du cou, joue un rôle fondamental dans notre métabolisme. Elle sécrète des hormones thyroïdiennes (T3 et T4) qui régulent de nombreuses fonctions essentielles : température corporelle, rythme cardiaque, métabolisme énergétique, croissance cellulaire et bien d’autres encore. Toute perturbation de son fonctionnement peut donc avoir des répercussions significatives sur l’ensemble de l’organisme.
Nous commencerons par comprendre ce qu’est exactement la maladie de Hashimoto, puis nous la distinguerons de la maladie de Basedow, une autre pathologie thyroïdienne auto-immune aux manifestations divergentes. Nous verrons ensuite les symptômes caractéristiques qui doivent alerter et les méthodes de diagnostic. Enfin, nous accorderons une attention particulière au rôle central de l’alimentation, tant dans la prévention que dans la stabilisation de la maladie de Hashimoto, une approche complémentaire au traitement médical conventionnel.
Qu’est-ce que la maladie de Hashimoto ?
Une maladie auto-immune de la thyroïde
La maladie de Hashimoto, décrite pour la première fois en 1912 par le médecin japonais Hakaru Hashimoto, est une affection auto-immune chronique. Mais qu’est-ce qu’une maladie auto-immune exactement ? Il s’agit d’une pathologie où le système immunitaire, normalement chargé de nous protéger contre les agressions extérieures, se retourne contre nos propres cellules et tissus, les identifiant à tort comme des éléments étrangers à combattre.
Dans le cas de Hashimoto, le système immunitaire produit des anticorps spécifiques dirigés contre la thyroïde : principalement les anticorps anti-thyropéroxydase (anti-TPO) et anti-thyroglobuline (anti-TG). Ces anticorps attaquent progressivement les cellules thyroïdiennes, provoquant une inflammation chronique et une destruction graduelle du tissu glandulaire. Ce processus destructeur entraîne, à terme, une diminution de la production d’hormones thyroïdiennes, conduisant à l’hypothyroïdie – un ralentissement du métabolisme avec toutes les conséquences qui en découlent.
Cette auto-agression n’est pas immédiatement symptomatique, ce qui explique pourquoi de nombreuses personnes ignorent qu’elles sont atteintes de cette maladie durant plusieurs années.
Évolution de la maladie
L’évolution de la maladie de Hashimoto est généralement lente et progressive, se déroulant en plusieurs phases :
- Phase silencieuse : Présence d’anticorps anti-thyroïdiens, mais sans perturbation notable de la fonction thyroïdienne ni symptômes. Cette phase peut durer plusieurs années, voire plusieurs dizaines d’années. L’hypophyse parvient à compenser la baisse de production d’hormones thyroïdiennes.
- Phase subclinique : Légère élévation de la TSH (hormone hypophysaire stimulant la thyroïde), signalant que l’hypophyse commence à avoir des difficultés à compenser la baisse de production d’hormones thyroïdiennes. Les taux de T3 et T4 restent cependant encore dans les normes. Quelques symptômes discrets peuvent apparaître.
- Phase clinique : L’hypothyroïdie s’installe avec des taux de TSH élevés et des taux de T4 et T3 diminués. L’hypophyse ne parvient plus à compenser la baisse de production d’hormones thyroïdiennes par la thyroïde, dont la destruction avancée implique l’utilisation d’hormones thyroïdiennes de synthèse. Les symptômes deviennent alors plus évidents et impactent significativement la qualité de vie.

Le diagnostic précoce, dès la phase silencieuse ou subclinique, présente un intérêt majeur car il permet de mettre en place des stratégies nutritionnelles et des modifications du mode de vie susceptibles de ralentir l’évolution de la maladie, voire de stabiliser les anticorps.
Hashimoto vs Basedow : quelles différences ?
Deux maladies auto-immunes, deux effets opposés
La maladie de Hashimoto et la maladie de Basedow (également appelée maladie de Graves) sont toutes deux des pathologies auto-immunes affectant la thyroïde, mais leurs mécanismes et leurs conséquences sont radicalement différents :
- Hashimoto conduit à une hypothyroïdie : destruction progressive des cellules thyroïdiennes entraînant une production insuffisante d’hormones et un ralentissement du métabolisme.
- Basedow provoque une hyperthyroïdie : les anticorps (appelés TRAk) stimulent excessivement la thyroïde, qui produit alors trop d’hormones, accélérant le métabolisme.
Bien que ces deux pathologies aient une origine auto-immune commune, leurs manifestations cliniques et leur prise en charge diffèrent considérablement. Il arrive parfois qu’une personne passe d’une pathologie à l’autre au cours de sa vie, notamment dans le cas du « Hashitoxicose », où une phase transitoire d’hyperthyroïdie précède l’installation de l’hypothyroïdie caractéristique d’Hashimoto.
Les approches thérapeutiques pour ces deux maladies sont également distinctes. Pour Hashimoto, on cherchera à compenser le déficit hormonal, tandis que pour Basedow, l’objectif sera de réduire la production excessive d’hormones thyroïdiennes.
Tableau comparatif
Critères | Hashimoto | Basedow |
Type d’atteinte | Destruction des cellules thyroïdiennes | Sur-stimulation de la thyroïde |
Symptômes dominants | Fatigue, frilosité, constipation, prise de poids, dépression légère | Nervosité, irritabilité, perte de poids malgré appétit conservé, palpitations, tremblements, bouffées de chaleur, insomnie |
Anticorps | Anti-TPO, anti-TG | TRAk (anticorps anti-récepteurs de la TSH) |
Évolution | Lente, progressive vers hypothyroïdie | Relativement rapide, vers hyperthyroïdie |
Fréquence | Plus fréquente (5% de la population) | Moins fréquente (0,5-2% de la population) |
Particularités | Souvent associée à d’autres maladies auto-immunes | Peut provoquer une exophtalmie (yeux saillants) |
Symptômes et diagnostic de la maladie de Hashimoto
Les signes qui doivent alerter
Les symptômes de la maladie de Hashimoto s’installent généralement de façon progressive et peuvent être confondus avec d’autres problèmes de santé ou simplement attribués au stress ou, à tort, au vieillissement. Voici les manifestations cliniques les plus fréquentes :
- Fatigue chronique : une lassitude persistante, non résolue par le repos
- Frilosité : sensation de froid, même dans un environnement tempéré
- Prise de poids inexpliquée malgré une alimentation stable
- Constipation tenace
- État dépressif ou humeur basse sans cause apparente
- Peau sèche et épaississement cutané, urticaire chronique
- Chute de cheveux anormale
- Troubles menstruels : règles abondantes ou irrégulières
- Ralentissement intellectuel : difficultés de concentration, troubles de la mémoire
- Crampes musculaires et douleurs articulaires
- Gonflement du visage et des paupières
- Voix rauque ou enrouée
- Sommeil perturbé malgré la fatigue
- Troubles du système vestibulaire : ils peuvent occasionner des vertiges

Il est important de noter que ces symptômes varient considérablement d’une personne à l’autre, tant en intensité qu’en variété. Certains patients ne présentent que quelques-uns de ces signes, tandis que d’autres peuvent en subir la majorité.
Le diagnostic
Face à ces symptômes, le médecin prescrira généralement un bilan sanguin comprenant :
- Dosage de la TSH (Thyroid Stimulating Hormone) : une augmentation de cette hormone hypophysaire est le premier signe biologique d’une hypothyroïdie. Une TSH élevée témoigne d’une tentative de l’organisme de stimuler une thyroïde défaillante.
- Dosage des hormones thyroïdiennes libres (T4L et éventuellement T3L) : leurs taux sont normaux dans l’hypothyroïdie subclinique, puis diminuent progressivement avec l’évolution de la maladie.
- Recherche des anticorps antithyroïdiens :
- Anti-TPO (anti-thyropéroxydase)
- Anti-TG (anti-thyroglobuline) La présence de ces anticorps à taux élevés confirme la nature auto-immune de l’hypothyroïdie.
- Échographie thyroïdienne : cet examen indolore permet d’observer la structure de la glande, qui présente typiquement un aspect hétérogène et hypoéchogène dans la maladie de Hashimoto. L’échographie permet également de détecter d’éventuels nodules.
Le diagnostic de la maladie de Hashimoto repose sur la combinaison de ces éléments cliniques et biologiques. Dans certains cas, notamment en cas de nodule suspect, une cytoponction (prélèvement de cellules par une fine aiguille) peut être proposée pour écarter tout risque de cancer thyroïdien, bien que ce risque reste faible.
Les signes sont parfois contradictoires : les signes d’hypothyroïdie peuvent alterner avec des signes d’hyperthyroïdie. En effet, lorsqu’un nombre important de cellules thyroïdiennes sont détruites simultanément, leur contenu (dont les hormones T3 et T4) se déverse dans la circulation générale, et crée transitoirement un état d’hyperthyroïdie.
Cette contradiction est parfois à l’origine de la difficulté du diagnostic initial.
Facteurs de risque et déclencheurs potentiels
La maladie de Hashimoto, comme la plupart des pathologies auto-immunes, résulte d’une interaction complexe entre facteurs génétiques et environnementaux. Comprendre ces facteurs peut aider à mettre en place des stratégies préventives ou à ralentir l’évolution de la maladie.
Terrain génétique
La prédisposition génétique joue un rôle indéniable. Le risque est significativement plus élevé chez les personnes ayant des antécédents familiaux de maladies thyroïdiennes ou d’autres pathologies auto-immunes (diabète de type 1, maladie cœliaque, vitiligo, etc.). Cependant, l’hérédité n’explique pas tout, et des facteurs environnementaux interviennent comme déclencheurs chez les personnes génétiquement prédisposées. Ces facteurs sont des “interrupteurs” génétiques qui activent ou inhibent l’expression de gènes protecteurs ou au contraire favorisant l’inflammation et la maladie.
Inflammation de bas grade
Très liée à une alimentation inadéquate, elle favorise et exacerbe la stimulation des défenses de l’organisme, qui échappe peu à peu à leur régulation par les mécanismes naturels anti-inflammatoires.
Stress chronique
Le stress chronique, par son impact sur le système immunitaire et les hormones du stress (cortisol), favorise le développement ou l’aggravation des maladies auto-immunes, y compris Hashimoto. Des événements de vie stressants précèdent souvent l’apparition des premiers symptômes.
Infections virales ou bactériennes
Certaines infections, notamment virales, peuvent déclencher une réaction auto-immune par un phénomène de « mimétisme moléculaire » : le système immunitaire, en ciblant un virus ou une bactérie, peut se retourner contre des cellules du corps présentant des similitudes moléculaires avec l’agent pathogène.
Déséquilibres intestinaux
La recherche récente met en évidence le rôle crucial de la santé intestinale dans l’équilibre immunitaire. Une perméabilité intestinale accrue (syndrome de l’intestin perméable) et une dysbiose (déséquilibre du microbiote intestinal) sont fréquemment observées chez les patients atteints de maladies auto-immunes, dont Hashimoto. Elles favorisent l’entrée de toxines et/ou de molécules inflammatoires dans la circulation générale. Certaines molécules comme celles du gluten augmentent la perméabilité intestinale à l’origine de ce processus.
Apports nutritionnels inadaptés
Plusieurs carences ou déséquilibres nutritionnels sont associés à un risque accru de thyroïdite auto-immune :
- Carence en iode : bien que rare dans les pays industrialisés, elle peut affecter la fonction thyroïdienne
- Carence en sélénium : ce minéral est essentiel au métabolisme des hormones thyroïdiennes
- Carence en zinc et en fer : ces minéraux interviennent dans la synthèse hormonale
- Carence en vitamine D : fréquemment associée aux maladies auto-immunes
Paradoxalement, un excès d’iode peut également favoriser l’auto-immunité thyroïdienne chez les personnes prédisposées.
Exposition à certains toxiques environnementaux
Certains polluants environnementaux (perturbateurs endocriniens, métaux lourds) peuvent interférer avec la fonction thyroïdienne et potentiellement déclencher ou aggraver les pathologies auto-immunes.
Traitements médicaux conventionnels
Hormonothérapie substitutive
Le traitement standard de l’hypothyroïdie causée par la maladie de Hashimoto repose sur l’hormonothérapie substitutive, principalement la lévothyroxine (T4 synthétique). Ce médicament vise à compenser le déficit en hormones thyroïdiennes en apportant une forme synthétique de la T4, que l’organisme convertira partiellement en T3, la forme active de l’hormone.
La posologie est strictement personnalisée et déterminée en fonction du poids, de l’âge, de la sévérité de l’hypothyroïdie et de la réponse individuelle au traitement. L’objectif est de normaliser la TSH, généralement entre 1 et 2 mUI/L pour la plupart des patients.
La lévothyroxine se prend généralement le matin, à jeun, 30 minutes avant le petit-déjeuner, pour assurer une absorption optimale. Son efficacité peut être réduite par certains médicaments ou compléments (fer, calcium, antiacides), qui doivent être pris à un autre moment.
Suivi biologique et ajustement posologique
Un suivi régulier par dosage de la TSH est indispensable pour s’assurer de l’efficacité du traitement. Ce contrôle est généralement effectué :
- 6 à 8 semaines après l’instauration du traitement ou toute modification de dose
- Puis tous les 6 à 12 mois une fois l’équilibre atteint
L’ajustement posologique se fait par paliers, jusqu’à obtention d’une TSH dans la zone cible. Chez certains patients, malgré une TSH normalisée, des symptômes persistent. Dans ces cas, il peut être utile de mesurer également les taux de T3 libre et d’envisager d’autres options thérapeutiques, comme des associations T4+T3.
Importance de l’observance thérapeutique
La réussite du traitement repose sur une prise régulière et à long terme du traitement. L’hypothyroïdie d’Hashimoto étant chronique, le traitement substitutif est généralement prescrit à vie. Une interruption peut entraîner une réapparition progressive des symptômes, parfois aggravés.
Il est important de noter que le traitement hormonal substitutif traite efficacement l’hypothyroïdie mais n’agit pas directement sur le processus auto-immun sous-jacent. C’est pourquoi des approches complémentaires, notamment nutritionnelles, peuvent présenter un intérêt considérable.
Le rôle central de la nutrition dans la prévention et la maîtrise de la maladie de Hashimoto
Objectif : moduler l’inflammation et soutenir l’immunité
L’approche nutritionnelle dans la maladie d’Hashimoto poursuit plusieurs objectifs collatéraux :
- Réduire l’inflammation systémique qui entretient et aggrave le processus auto-immun. L’inflammation chronique de bas grade est un terrain favorable au développement et à la progression des maladies auto-immunes. L’alimentation est le levier de choix pour diminuer cette inflammation silencieuse. Elle permet d’alléger les symptômes, d’arrêter la dégradation de la glande thyroïde, et parfois d’aider celle-ci à se régénérer. Ceci est particulièrement vrai en cas de diagnostic précoce (phase silencieuse et phase subclinique).
- Soutenir les fonctions hépatiques et digestives, essentielles à la conversion des hormones thyroïdiennes (transformation de la T4 en T3 active) et à l’équilibre immunitaire. Le foie est responsable d’environ de 60% de la conversion T4→T3, tandis que l’intestin abrite 70% des cellules immunitaires de l’organisme.
- Préserver la fonction thyroïdienne résiduelle en apportant les nutriments nécessaires à la synthèse hormonale et en limitant l’exposition aux facteurs aggravants.
Exemple d’aliments à privilégier
- Légumes colorés riches en antioxydants et polyphénols : épinards, choux, poivrons, carottes, betteraves
- Sources d’oméga-3 : poissons gras (sardine, maquereau, saumon sauvage), graines de lin, de chia, noix
- Épices et herbes aromatiques : curcuma (associé au poivre noir pour une meilleure biodisponibilité), gingembre, cannelle, romarin
- Aliments fermentés traditionnels : choucroute, kimchi, kéfir (source de probiotiques naturels)
Nutriments essentiels pour la thyroïde
- Sélénium : ce minéral joue un rôle de catalyseur dans la conversion de T4 en T3 et la protection des cellules thyroïdiennes contre le stress oxydatif. On le trouve dans les poissons, les œufs, l’ail.
- Zinc : impliqué dans la synthèse des hormones thyroïdiennes et la fonction immunitaire. Sources : fruits de mer (particulièrement les huîtres), viande rouge, graines de courge, légumineuses.
- Fer : nécessaire à la synthèse des hormones thyroïdiennes. Sources : viandes rouges, abats, légumineuses, légumes à feuilles vertes (en association avec de la vitamine C pour améliorer l’absorption).
- Vitamines B : essentielles au métabolisme énergétique, souvent déficient en cas d’hypothyroïdie. Sources : céréales complètes, légumes verts, légumineuses.
- Vitamine D : impliquée dans la modulation immunitaire. Sources : exposition solaire modérée, poissons gras, jaunes d’œufs. Une supplémentation est souvent nécessaire.

Probiotiques et prébiotiques
- Probiotiques : kéfir, kombucha, légumes
- Prébiotiques (fibres nourrissant le microbiote) : ail, oignon, poireau, banane, artichaut, chicorée
Exemples d’aliments à éviter ou à modérer
Gluten
La relation entre gluten et thyroïdite auto-immune fait l’objet de controverses scientifiques. Certaines études montrent une prévalence accrue de sensibilité au gluten chez les patients atteints d’Hashimoto, et plusieurs cas cliniques rapportent une diminution du taux d’anticorps anti-thyroïdiens après exclusion du gluten.
L’approche la plus raisonnable consiste à proposer un test d’éviction du gluten pendant 2-3 mois pour évaluer l’impact sur les symptômes et, idéalement, sur les marqueurs biologiques (anticorps anti-TPO).
Produits ultra-transformés
Riches en additifs, acides gras trans, sucres raffinés et sel, les aliments industriels ultra-transformés favorisent l’inflammation et peuvent contenir des composés suspectés d’interférer avec la fonction thyroïdienne (certains conservateurs, colorants).
Sucre raffiné
La consommation excessive de sucres raffinés et d’aliments à index glycémique élevé provoque des pics glycémiques suivis d’hypoglycémies réactionnelles, exacerbant fatigue et troubles cognitifs déjà présents dans l’hypothyroïdie. De plus, l’hyperglycémie chronique favorise l’inflammation et les déséquilibres immunitaires.
Produits laitiers chez les personnes intolérantes
L’intolérance aux protéines de lait de vache (caséine principalement) semble plus fréquente chez les personnes souffrant de maladies auto-immunes. Comme pour le gluten, un test d’éviction est utile pour déterminer la sensibilité individuelle.
Cas particulier de l’iode
L’iode occupe une place particulière dans la nutrition des personnes atteintes d’Hashimoto. Essentiel à la synthèse des hormones thyroïdiennes, il peut néanmoins exacerber l’auto-immunité thyroïdienne lorsqu’il est consommé en excès, particulièrement chez les personnes présentant une carence en sélénium.
Les sources alimentaires riches en iode incluent les algues, les fruits de mer et le sel iodé. Une approche prudente consiste à :
- Éviter les suppléments contenant de l’iode sans avis médical
- Limiter la consommation d’algues, particulièrement concentrées en iode
- Privilégier un apport modéré et régulier plutôt que des pics d’apport
L’équilibre iode-sélénium est crucial : un apport adéquat en sélénium (55-70 µg/jour) est recommandé, idéalement avant toute augmentation de l’apport en iode.
Comme toujours, une alimentation anti inflammatoire ne se réduit pas à des listes d’aliments à favoriser ou à éliminer. Cette stratégie nécessite une vision globale de l’alimentation et du terrain inflammatoire propre à chaque personne concernée.
Peut-on guérir de la maladie de Hashimoto ?
Aspect médical
La question de la guérison définitive de la maladie de Hashimoto est complexe. D’un point de vue médical conventionnel, cette pathologie auto-immune est considérée comme chronique, nécessitant généralement un traitement à vie. Cependant, l’expérience clinique et certaines études suggèrent qu’une stabilisation durable, voire une rémission, est possible chez certains patients.
Ce qu’il faut comprendre, c’est que même si les anticorps anti-thyroïdiens persistent, leur activité et leur impact peuvent être considérablement réduits par des interventions nutritionnelles et des modifications du mode de vie appropriées. L’objectif thérapeutique réaliste n’est donc pas tant la disparition complète des anticorps que :
- La normalisation des paramètres thyroïdiens (TSH, T4, T3)
- La résolution des symptômes
- La stabilisation ou la diminution du taux d’anticorps
- La prévention de complications à long terme
Impact de la nutrition sur les symptômes et la qualité de vie
Plusieurs études cliniques et observations de terrain montrent des résultats encourageants quant à l’impact des interventions nutritionnelles :
- Amélioration des symptômes : une méta-analyse récente a montré que l’adoption d’un régime anti-inflammatoire (par exemple type méditerranéen) améliore significativement les symptômes, notamment la fatigue, les troubles cognitifs et l’humeur.
- Réduction des anticorps : certaines études rapportent une diminution des taux d’anticorps anti-TPO après exclusion du gluten chez les patients sensibles ou après supplémentation en sélénium. Cette réduction peut atteindre 40% dans certains cas.
- Diminution de l’inflammation thyroïdienne : des échographies réalisées avant/après interventions nutritionnelles montrent parfois une amélioration de l’aspect inflammatoire de la glande.
- Optimisation du traitement médical : chez certains patients, une alimentation adaptée permet de réduire les doses de lévothyroxine nécessaires ou d’améliorer leur efficacité.

Il est crucial de souligner l’importance de la personnalisation de l’approche nutritionnelle. Ce qui fonctionne pour un patient peut ne pas être adapté à un autre. Les intolérances alimentaires, le terrain génétique, le stade de la maladie et les comorbidités varient considérablement d’une personne à l’autre.
L’approche intégrative pour vivre mieux avec Hashimoto
La place de la nutrition dans une prise en charge globale
La nutrition constitue un pilier essentiel, mais non exclusif, de la prise en charge de la maladie d’Hashimoto. Elle s’intègre dans une approche complémentaire au traitement médical conventionnel :
- En cas d’hypothyroïdie avérée, l’hormonothérapie substitutive (lévothyroxine) reste indispensable pour la plupart des patients. Il est important d’optimiser à la fois le dosage et la prise des hormones de synthèse pour que celles-ci soient utilisées correctement par l’organisme.
- L’approche nutritionnelle vient soutenir la fonction thyroïdienne résiduelle, moduler l’auto-immunité et largement améliorer la qualité de vie. Comme vu ci-dessus, elle peut aussi aider à régénérer la glande thyroïde dans certains cas.
L’accompagnement par un(e) diététicien(ne) formé(e) aux maladies auto-immunes, et surtout à l’alimentation anti-inflammatoire, présente plusieurs autres avantages :
- Évaluation nutritionnelle personnalisée
- Adaptation des recommandations au mode de vie et aux préférences
- Suivi et ajustements progressifs au fur et à mesure de la baisse de l’inflammation
- Identification des intolérances alimentaires individuelles
- Prévention des carences nutritionnelles
Autres leviers thérapeutiques
Gestion du stress
Le stress chronique représente à la fois un facteur déclenchant et aggravant de l’auto-immunité thyroïdienne. Plusieurs techniques ont démontré leur efficacité :
- Cohérence cardiaque : technique respiratoire simple et efficace pour réguler le système nerveux autonome
- Méditation de pleine conscience : pratique quotidienne de 10-20 minutes, avec des bénéfices démontrés sur l’inflammation et l’immunité
- Sophrologie ou yoga : approches corps-esprit particulièrement adaptées aux personnes fatiguées
Activité physique modérée et régulière
L’exercice physique adapté présente de multiples bénéfices pour les personnes atteintes d’Hashimoto :
- Amélioration de la sensibilité à l’insuline
- Réduction de l’inflammation systémique
- Optimisation de la conversion T4→T3 au niveau périphérique
- Soutien du métabolisme ralenti par l’hypothyroïdie
Les activités recommandées privilégient l’endurance douce (marche, natation, vélo) et le renforcement musculaire modéré. L’intensité doit être progressive et adaptée à l’état énergétique, en évitant le surmenage qui pourrait aggraver les symptômes.
Soutien psychologique
L’impact psychologique de cette maladie chronique est souvent sous-estimé. Fatigue persistante, fluctuations d’humeur, changements corporels peuvent affecter l’estime de soi et la qualité de vie. Un accompagnement psychologique ou de type résolution émotionnelle peut aider à :
- Accepter le diagnostic
- Développer des stratégies d’adaptation
- Gérer la fatigue et préserver l’énergie
- Communiquer efficacement avec l’entourage sur la maladie
Perspectives
La maladie de Hashimoto représente un défi complexe, tant pour les patients que pour les professionnels de santé. Cependant, les avancées récentes dans la compréhension des interactions entre nutrition, immunité et fonction thyroïdienne ouvrent des perspectives thérapeutiques prometteuses.
L’approche intégrative, associant traitement médical conventionnel et interventions nutritionnelles personnalisées, offre aujourd’hui les meilleures chances de retrouver équilibre et vitalité. Si l’on ne peut pas toujours parler de guérison complète, une stabilisation durable avec une qualité de vie préservée est un objectif réaliste pour la majorité des patients.
Le message essentiel à retenir est celui d’un nécessaire équilibre : entre acceptation de la maladie et action constructive, entre traitement médical et approches complémentaires, entre repos nécessaire et activité bénéfique. Chaque personne atteinte d’Hashimoto doit trouver son propre chemin vers cet équilibre, idéalement avec le soutien d’une équipe pluridisciplinaire.
N’hésitez pas à échanger avec votre médecin et votre diététicien(ne) pour élaborer une stratégie personnalisée qui tienne compte de votre situation spécifique, de vos préférences et de vos objectifs de santé. Avec les bons leviers, il est tout à fait possible de vivre pleinement malgré cette maladie auto-immune.
Ressources complémentaires :
IFMI : lien
Association française des malades de la thyroïde : lien
AMELI : lien