AVC ou Infarctus : risque de récidive

AVC INFAR Image

L’accident vasculaire cérébral (AVC) et l’infarctus du myocarde représentent deux urgences médicales majeures qui nécessitent une attention particulière pour éviter leur réapparition, même une fois surmontées,. Que vous ayez subi un AVC ischémique, un AVC hémorragique, ou un infarctus du myocarde, il est essentiel de comprendre que votre risque de récidive (nouvel accident) est significativement plus élevé que celui de la population générale. La prévention secondaire devient alors une priorité absolue pour préserver votre qualité de vie.

Les statistiques sont éloquentes : environ 30% des personnes ayant subi un premier AVC connaîtront une récidive dans les cinq années suivantes si aucune mesure préventive n’est mise en place. De même, après un premier infarctus, le risque de crise cardiaque récurrente est multiplié par quatre. Ces chiffres, loin d’être alarmistes, nous invitent à l’action et à la vigilance.

En synthèse et de manière marquante, l’AVC est :

  • La 1ère cause de handicap acquis chez l’adulte
  • La 2ème cause de démence
  • La 2ème cause de mortalité et la 1ère chez la femme

Enfin, l’âge moyen de survenue est de 74 ans, 25 % des patients ont moins de 65 ans et 10 % moins de 45 ans.

L’infarctus, de son côté, représente environ 32% des décès dans le monde soit la première cause de mortalité !

Statistiques de récidive : comprendre votre risque personnel

Les taux de récidive varient considérablement selon le type d’accident cardiovasculaire initial et vos facteurs de risque personnels. Après un AVC ischémique, le risque de récidive est d’environ 10-12% la première année, puis de 5-8% par an les années suivantes. Pour les patients ayant subi un AIT (accident ischémique transitoire) ou mini-AVC, le risque est particulièrement élevé à court terme : 10-15% dans les trois premiers mois, dont la moitié dans les 48 premières heures. Les AVC hémorragiques présentent un taux de récidive plus faible, environ 2-3% par an, mais avec une mortalité plus élevée en cas de récurrence.

Concernant l’infarctus du myocarde, le risque de récidive est d’environ 20% dans les cinq années suivantes, avec une période particulièrement critique durant les six premiers mois (8-10%). Les patients cumulant plusieurs facteurs de risque non contrôlés (hypertension, diabète, tabagisme et dyslipidémie) voient leur risque multiplié par 2,5 à 4. À l’inverse, l’adhésion stricte aux traitements et aux mesures hygiéno-diététiques peut réduire ce risque de 75-80%, soulignant l’importance cruciale de votre implication dans la prévention secondaire. Les patients ayant bénéficié d’une revascularisation complète (stent ou pontage) pour un infarctus présentent un risque de récidive inférieur (12-15% à cinq ans) comparativement à ceux ayant reçu un traitement médical seul (25-30%).

Comprendre les mécanismes de récidive

Facteurs physiologiques communs

L’AVC et l’infarctus partagent des mécanismes physiopathologiques similaires. Dans le cas d’un AVC ischémique ou d’un infarctus du myocarde, c’est l’obstruction d’une artère par un caillot de sang qui provoque la souffrance tissulaire. L’AVC hémorragique, quant à lui, résulte d’une rupture vasculaire, parfois associée à un anévrisme cérébral. Ces événements laissent des séquelles sur vos vaisseaux sanguins, créant des zones de vulnérabilité propices à de nouveaux accidents.

Différences entre AVC et infarctus

Si l’infarctus cible spécifiquement le muscle cardiaque (le myocarde), l’AVC affecte le tissu cérébral. On distingue l’AVC ischémique, le plus fréquent (80% des cas), de l’AVC hémorragique. Il existe également des formes transitoires comme l’accident ischémique transitoire (AIT) ou le mini-AVC, dont les symptômes disparaissent en moins de 24 heures mais qui constituent néanmoins des signaux d’alarme majeurs annonçant souvent un AVC plus grave.

L’infarctus cérébral (autre terme pour désigner l’AVC ischémique) et l’infarctus du myocarde partagent donc le même mécanisme de base : une obstruction artérielle provoquant une ischémie tissulaire. Cette similarité explique pourquoi les stratégies préventives présentent de nombreux points communs.

Pourquoi le risque est plus élevé après un premier événement

Après un premier accident cardiovasculaire, l’organisme porte les cicatrices de l’événement. Les parois artérielles sont fragilisées, l’athérosclérose souvent avancée, et les facteurs de risque qui ont conduit au premier accident sont généralement toujours présents. C’est pourquoi la prévention de la récidive doit être plus intensive que la prévention primaire.

Les facteurs de risque modifiables

Hypertension artérielle

L’hypertension artérielle constitue le facteur de risque majeur pour les AVC et les crises cardiaques. Après un premier événement, le contrôle tensionnel doit être particulièrement strict, avec des valeurs cibles généralement inférieures à celles recommandées pour la population générale. Un suivi régulier de votre tension artérielle est donc indispensable.

Diabète et déséquilibres glycémiques

Le diabète multiplie par deux à quatre le risque d’AVC ou d’infarctus. Un équilibre glycémique optimal réduit considérablement le risque de récidive. Le suivi de l’hémoglobine glyquée (HbA1c) vous permet, avec votre médecin, d’ajuster votre traitement et votre alimentation.

Dyslipidémies (cholestérol, triglycérides)

Les troubles lipidiques favorisent l’athérosclérose, responsable de nombreux AVC ischémiques et infarctus du myocarde. Après un premier accident, les objectifs de LDL-cholestérol (le « mauvais » cholestérol) sont abaissés, nécessitant souvent un traitement médicamenteux en complément des mesures diététiques.

Tabagisme

Le tabac est un facteur de risque majeur pour les maladies cardiovasculaires. Il favorise la formation de caillots de sang, l’athérosclérose et les spasmes artériels. L’arrêt du tabac après un AVC ou un infarctus est une priorité absolue, réduisant le risque de récidive de 50% en seulement quelques années.

Surpoids et obésité

L’excès pondéral augmente la charge de travail cardiaque et favorise l’hypertension, le diabète et les dyslipidémies. Une perte de poids, même modeste, améliore significativement tous ces paramètres et réduit le risque de récidive.

Sédentarité

L’inactivité physique est un facteur de risque indépendant de maladies cardiovasculaires. Après un AVC ou un infarctus, la reprise d’une activité physique adaptée est fondamentale pour renforcer votre cœur, améliorer votre circulation sanguine et contrôler les autres facteurs de risque.

AVC

L’importance de l’alimentation

Vos choix alimentaires influencent directement les paramètres biochimiques impliqués dans le risque cardiovasculaire. L’inflammation chronique (de bas grade, dite silencieuse) y tient une place prépondérante, c’est elle qui est à la racine des dommages physiologiques qui entraîne l’apparition du risque d’AVC ou d’infarctus. Une alimentation adaptée anti-inflammatoire permet de réduire de façon importante l’inflammation chronique, d’améliorer votre profil lipidique, de stabiliser votre glycémie et de maintenir une pression artérielle normale. En tant que docteur en biochimie, je peux affirmer que chaque repas est une opportunité de prévention.

Exemple : le régime méditerranéen

Le régime méditerranéen est une des approches qui a démontré une efficacité dans la prévention des récidives d’AVC et d’infarctus. Riche en fruits, légumes, céréales complètes, poissons, herbes de Provence et huile d’olive, il apporte les nutriments nécessaires à la santé cardiovasculaire tout en limitant les apports en graisses saturées et en sel.

Aliments à privilégier

  • Les fruits et légumes, sources d’antioxydants et de potassium
  • Les poissons gras (sardines, maquereau, saumon), riches en oméga-3
  • Les céréales complètes pour leurs fibres
  • L’huile d’olive et les oléagineux (noix, amandes), sources de « bonnes » graisses

Aliments à limiter

  • Les viandes rouges et charcuteries, riches en graisses saturées
  • Les produits industriels transformés, souvent trop salés et riches en graisses de mauvaise qualité
  • Les sucres raffinés et produits sucrés, qui favorisent l’obésité et le diabète
  • L’alcool, à consommer avec grande modération ou à éviter complètement selon votre situation
  • Les produits laitiers

Impact biochimique des choix alimentaires

On notera qu’une alimentation bien ciblée et un accompagnement par une diététicienne pour éviter les erreurs ou l’envie de renoncer sont non seulement efficaces mais sans aucun effet secondaire.

Les traitements médicamenteux

Importance de l’observance thérapeutique

Après un AVC ou un infarctus du myocarde, le traitement médicamenteux est essentiel pour prévenir les récidives. L’observance thérapeutique, c’est-à-dire le respect scrupuleux de la prescription, est un facteur déterminant pour le pronostic. Les études montrent que l’interruption prématurée des traitements multiplie par trois le risque de récidive.

Principaux médicaments et leurs rôles

  • Les antiagrégants plaquettaires (aspirine, clopidogrel) ou anticoagulants préviennent la formation de caillots de sang
  • Les statines réduisent le cholestérol et stabilisent les plaques d’athérome
  • Les antihypertenseurs maintiennent votre tension artérielle à un niveau optimal
  • Les bêta-bloquants protègent le myocarde après un infarctus
  • En cas d’infarctus du myocarde, la pose d’un stent cardiaque peut être nécessaire pour maintenir l’artère ouverte

Effets secondaires à connaître

Tous les médicaments peuvent présenter des effets indésirables. Il est crucial de les signaler à votre médecin plutôt que d’interrompre votre traitement de votre propre initiative. Dans la majorité des cas, une adaptation de la posologie ou un changement de molécule permet de résoudre le problème tout en maintenant l’efficacité préventive.

Activité physique adaptée

Recommandations pratiques

L’activité physique régulière réduit de 20 à 30% le risque de récidive après un AVC ou un infarctus. L’objectif recommandé est de 150 minutes d’activité modérée par semaine, idéalement réparties sur 3 à 5 sessions. La marche, la natation et le vélo d’appartement sont particulièrement adaptés.

Progressivité de la reprise

La reprise doit être progressive et supervisée par votre médecin, idéalement dans le cadre d’un programme de réadaptation cardiaque ou neurologique. L’intensité sera adaptée à votre condition, en évitant tout effort excessif susceptible de provoquer un malaise cardiaque ou d’autres complications.

Types d’exercices bénéfiques

Les activités d’endurance améliorent la fonction cardiovasculaire, tandis que les exercices de renforcement musculaire modéré contribuent à améliorer votre métabolisme. L’important est de choisir des activités que vous appréciez, car la régularité prime sur l’intensité.

Gestion du stress et qualité de vie

Impact du stress sur le système cardiovasculaire

Le stress chronique augmente la pression artérielle, favorise l’inflammation et perturbe la coagulation sanguine. Après un AVC ou un infarctus, la gestion du stress devient un élément déterminant de votre programme de prévention.

Techniques de relaxation et de gestion émotionnelle

La méditation de pleine conscience, le yoga, la cohérence cardiaque ou la résolution émotionnelle sont autant de techniques efficaces pour réduire votre niveau de stress. Des séances régulières, même courtes, peuvent avoir un impact significatif sur votre bien-être et votre santé cardiovasculaire.

Importance du sommeil

Un sommeil de qualité est essentiel à la récupération et à la régulation de nombreuses fonctions physiologiques. Les troubles du sommeil augmentent le risque cardiovasculaire. Si vous constatez des difficultés persistantes d’endormissement ou des réveils nocturnes fréquents, n’hésitez pas à en parler à votre médecin.

Les signes d’alerte à ne pas négliger

Symptômes d’un AVC/infarctus

Connaître les symptômes de récidive peut vous sauver la vie. Pour l’AVC, retenez l’acronyme FAST (Face, Arm, Speech, Time) :

  • Déformation du visage
  • Faiblesse d’un bras
  • Troubles de la parole
  • Temps = urgence

D’autres symptômes d’AVC incluent : maux de tête intenses et soudains, troubles de l’équilibre, jambe engourdie, troubles visuels, ou confusion mentale. Les symptômes d’AVC peuvent différer légèrement entre hommes et femmes, ces dernières rapportant plus fréquemment des manifestations atypiques comme des nausées ou des douleurs thoraciques.

Pour l’infarctus, les signes classiques sont une douleur thoracique oppressante, irradiant vers le bras gauche, la mâchoire ou le dos. Chez les femmes, les symptômes d’infarctus peuvent être moins typiques : fatigue inhabituelle, essoufflement, nausées, douleurs abdominales ou dorsales. Un malaise cardiaque peut également être annonciateur d’une crise cardiaque.

Quand consulter en urgence

Face à tout symptôme évoquant un AVC ou un infarctus, même léger ou transitoire comme dans le cas d’un mini-AVC ou d’un accident ischémique transitoire (AIT), appelez immédiatement les secours (15 ou 112). Ne conduisez pas vous-même et ne remettez pas à plus tard : chaque minute compte.

Un saignement de nez inhabituel et massif peut parfois être associé à une hypertension sévère, facteur de risque d’AVC hémorragique. Sans céder à la panique, une consultation médicale rapide est recommandée dans ce cas.

Importance de la réactivité

Le délai de prise en charge est crucial et déterminant pour le risque et la gravité d’éventuelles séquelles. Pour l’AVC ischémique, le traitement par thrombolyse n’est efficace que dans les premières heures. De même, pour l’infarctus du myocarde, la revascularisation coronaire précoce limite considérablement les séquelles sur le myocarde.

Suivi par un professionnel de santé

Calendrier des consultations recommandées

Un suivi régulier est indispensable après un AVC ou un infarctus.

Un suivi médical est nécessaire mais insuffisant. Comme mentionné plus haut, l’accompagnement par un professionnel de la nutrition permet également de se doter d’un moyen très efficace de diminuer le risque de récidive, celui de l’adoption d’une alimentation anti-inflammatoire.

Examens de contrôle

Les examens de suivi peuvent inclure :

  • Des analyses sanguines régulières (bilan lipidique, glycémie, fonction rénale)
  • Des examens d’imagerie (AVC) ou cardiaques (infarctus)
  • Un ECG pour surveiller l’activité électrique du cœur, particulièrement important après un infarctus
  • Un dépistage des complications comme une péricardite post-infarctus

L’équipe pluridisciplinaire

Votre prise en charge implique de nombreux professionnels : médecin traitant, cardiologue ou neurologue, infirmier, kinésithérapeute, diététicien, et parfois psychologue. Cette approche globale optimise vos chances de récupération et minimise le risque de récidive.

Conclusion : vivre avec sérénité après un AVC ou un infarctus

Avoir subi un AVC ou un infarctus est une épreuve, mais aussi une opportunité de repenser votre mode de vie. Les progrès médicaux permettent aujourd’hui, grâce à une prise en charge adaptée et à votre implication personnelle, de réduire considérablement le risque de récidive.

Retenez ces points essentiels :

  • Suivez scrupuleusement votre traitement
  • Adoptez une alimentation anti inflammatoire
  • Pratiquez une activité physique régulière
  • Apprenez à gérer votre stress
  • Identifiez les signes d’alerte
  • Respectez votre calendrier de suivi

Votre qualité de vie après un AVC ou un infarctus dépend en grande partie de ces mesures préventives. N’hésitez pas à solliciter l’aide de votre entourage et des professionnels de santé qui vous accompagnent. Ensemble, nous pouvons significativement réduire votre risque de récidive et vous permettre de profiter pleinement de la vie.

Des ressources complémentaires sont disponibles auprès des associations de patients, des centres de réadaptation et sur les sites officiels des autorités de santé. Votre diététicien peut également vous orienter vers des programmes d’éducation thérapeutique adaptés à votre situation.

Ressources externes

Healthy-Hart.org : lien

Cordio-online : lien

Associations pour les cardiaques : lien

Association pour les victimes d’AVC : lien

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